[fruitful_dbox] De meilleurs quotas de diffusion radiophonique pour les artistes de la FWB [/fruitful_dbox]
Parmi les différents combats menés par le FACIR pour faire évoluer le secteur professionnel des musiciens de la FWB, celui des quotas de diffusion radiophonique est particulièrement nécessaire, ardu et complexe. Présent à la réunion organisée par la SABAM avec des acteurs de tout le secteur musical[1], le FACIR lutte, avec d’autres, pour une modification profonde des quotas utilisés actuellement.
À la lecture du rapport explicatif du CSA[2], on constate que la FWB est à la traîne quant à la défense de ses artistes locaux dans la diffusion radio. Pour le FACIR, les quotas radiophoniques sont loin d’être un combat d’arrière-garde, le média radio restant une référence pour la découverte de la diversité musicale belge malgré la révolution du téléchargement, de l’écoute à la demande sur le net et du streaming. En effet, avec « (…) un taux d’utilisation moyen journalier de 3h19 et une audience moyenne de 68,9% du public en 2014, et même si elle connait une certaine érosion d’audience et de durée d’écoute depuis quelques années, la radio reste un média de premier plan en Fédération Wallonie-Bruxelles »[3].La comparaison est édifiante lorsque l’on s’arrête aux différences entre les quotas internationaux et européens par rapport à la situation en Belgique francophone. Jugez plutôt :
Portugal
Obligation de diffuser entre 25% et 40% (selon les radios) de musique locale dont au moins 60% est chantée en portugais par des citoyens de l’Union européenne. Au moins 35% de ce quota doit être composé de musique produite dans les 12 derniers mois.
France
(…) quota est de 40% de chansons d’expression française, dont la moitié au moins provenant de nouveaux talents ou de nouvelles productions, pour la part des programmes composée de musique de variétés.
Québec / Canada (toutes radios) : 35% produit au Canada, 55% en français[4]
En Belgique, la Flandre a pris depuis quelques années des dispositions afin de diffuser ses propres artistes sur les ondes, en instaurant — pour les seules stations du service public — un quota de 25% de musique produite en Flandre, dont 15% (Een) et 30% (Twee) chantés en néerlandais. A côté des mesures internationales, européennes et celles mises en place par la communauté flamande, le pourcentage de diffusion obligatoire de musique locale produite en FWB n’est que de 4,5% pour les radios privées et de 10% pour les radios publiques. A ce quota de musique locale, les radios ont l’obligation de diffuser entre 30 % (radios privées) et 30 à 40 % (radios publiques avec certaines exceptions liées à la programmation spécifique d’une chaîne) d’œuvres de musiques non classiques sur des textes en langue française.[5]
Ces quotas sont déjà maigres et par dessus le marché, leur application complexe et problématique à plus d’un titre.
Au contraire d’autres pays, il n’existe aucune mesure chez nous contraignant les radios à appliquer leurs quotas lors de période de grande écoute. La plupart des quotas sont remplis de nuit, ce qui annule leurs (déjà minuscules) effets bénéfiques. Des mesures anti glissement horaire ont été prises en France afin que les quotas soient appliqués durant la journée, « …aux heures d’écoute significative (6h30 à 22h30 du lundi au vendredi et 8h à 22h30 le samedi et le dimanche) »[6] En plus d’une révision du pourcentage d’artistes locaux diffusés, il faudra également que la FWB légifère une mesure favorable à l’application utile des quotas durant les heures de grand audimat.
Le FACIR prône une révision drastique de ces quotas.
Tout d’abord, en s’alignant sur nos voisins flamands et en mettant en place l’obligation de diffuser 25% de musique produite en FWB pour toutes les radios, publiques et privées. A l’intérieur de ce premier quota global de 25% de production locale, il faut tenir compte du paramètre de la langue déjà mentionné dans les anciens quotas afin de continuer à valoriser notre espace culturel belge francophone. En s’alignant sur la France, nous suggérons le maintien d’un pourcentage de 40% de musique produite en FWB sur des textes en langue française.
En résumé, nous défendons :
Sur 100% de la diffusion globale:
- 25% diffusion de musique produite en FWB par des artistes résidents en FWB
- 75% musique originaire d’autres pays
à l’intérieur du quota de 25% produits en FWB :
- 60 % de musique produite dans toutes langues (15 % de la diffusion globale)
- 40 % de musique produite en français (10% de la diffusion globale)
Pour continuer à valoriser la culture francophone en FWB, le quota global de production en langue française devra être maintenu sur les radios publiques entre 30 et 40% et sur les radios privés à 30%.
Ce qui donne:
sur 100% diffusion globale, 30% en langue française :
- 20% productions en langue française de toutes origines
- 10% productions en langue française d’artistes de la FWB (40% du quota global FWB de 25%)
- 15 % productions d’artistes de la FWB en toutes langues (60% du quota global FWB de 25%)
- 55% productions toutes origines et toutes langues
Vouloir lutter pour faire évoluer les quotas en FWB, c’est se confronter à des enjeux et des besoins d’une extrême complexité.
De multiples questionnements sont encore en discussion entre tous les acteurs du secteur : Qu’en est-il pour les radios dont la ligne éditoriale ne rentre pas dans les quotas globaux, par exemple pour la musique instrumentale ou électro ? Quid des problématiques liées à la diffusion des artistes émergents ? De celles des artistes peu vendeurs -dits de niche-, ou éternellement émergents ? Doit-on abandonner les quotas francophones pour les chaînes de radio « jeunes » et ne risque t-on pas de voir l’intérêt pour la culture francophone baisser?
Au coeur de ces combats difficiles et passionnants, le FACIR milite pour une diffusion des productions musicales de la FWB se construisant réellement dans la diversité, pour recréer un cercle vertueux où l’éducation à la découverte ramènera le public à profiter de la richesse des talents aux multiples facettes des artistes belges francophones.
[1] CSA, FWB, WBI, Conseil de la musique, SABAM, Playright, Labels…et le FACIR
[2] disponible en intégralité sur le site du CSA: http://csa.be/system/documents_files/2495/original/CSA_20150702_RECOMMANDATION_Diffusion_Musicale_en_Radio_%28quotas%29-Rapport_Explicatif.pdf?1435929545
[3] Source: rapport du CSA, ibid.
[4] Source: rapport du CSA, ibid.
[5] Source: rapport du CSA, ibid.
[6] Source: rapport du CSA, ibid.